elle s'évapore
au creuset des souvenirs
les pies sont au nid

oasis lointaine
je n'en saurai rien ô reine
les rais à ras filent

que vois-tu derrière
et si c'était dans les têtes
je longe la grève

feuilles écrasées
se lève le goût d'un monde
pluie sur les bourgeons

elle peau d'ébène
tient en laisse le chiot blanc
le vieil âne brait

l'enfance m'attend
parfois au bord de la route
patine des saisons

la route s'efface
c'en est trop je vous assure
la bise les mord

la saucisse éclate
j'ai la dent le ventre durs
les frênes résistent

au-delà des cris
elles rompent le silence
ça chasse alentour

l'orage a le temps
les feuilles se froissent vite
douceur des nu-pieds

maigres, bedonnants
ils traînent vélos et chiens
la tourbe s'effrite

au milieu des eaux
il discerne leurs envers
les nuages foncent

derrière les rideaux
un moustique est écrasé
il pleut sur la ville

ils rient de bon coeur
les mots fusent les surprennent
ils sont déjà loin

ils rentrent transis
lancent un bonsoir un geste
les mouches patinent

dalles de béton
ils creusent l'obscurité
ces vers silencieux

une pierre gicle
je pédale dans les nues
la limace bave

les ours déambulent
ruisselants le nez humide
la corneille attend

lui faire la peau
l'avait-elle tant voulu
odeur du fumier

noire elle a fondu
au-delà du pare-brise
la route défile

joli bois gentil
oh la grenouille crapaud
mais cachez ce sein

le pilon malaxe
un trois pétales s'enflamment
les heures moisissent

elle craint l'oubli
ils laissent fuir une larme
le bouvreuil s'envole

rêve d'un barrage
sont-ils contre l'exclusion
les enfants d'ici

divine douceur
j'évite les flaques brunes
ciel que ça roucoule

la source a coulé
les corbeaux percent les nues
l'enfant gimpera

il panse ses larmes
chasse la neige en bananes
deux petits ciseaux

ce matin c'est sûr
je n'irais pas à la plage
j'ai la peau qui pique

le thé fume encore
je descends les escaliers
on the road again

l'hiver dure nu
a fait s'enfuir le coucou
elles rient en coeur

le pas se méfie
opaque la glace gèle
les yeux à l'affût

souvenirs des ombres
la montagne disparaît
et pourtant ils chantent

au-delà des cimes
le grand corbeau noir croasse
hier demain la nuit

silence des traces
les yeux pleurent l'arbre gèle
les ombres s'allongent

sous la branche il souffle
le renard a déserté
pelures en poche

la mer de brouillard
au loin rageurs des chiens hurlent
traces d'un chamois